Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Schwarzbrot und Baguette
1 mars 2007

Education et sécurité

La société française me paraît inhibée par les soucis de sécurité, en particulier dans l'éducation des enfants.
Je donne un exemple: un petit enfant monte sur un muret. La mère crie: "Attention, tu vas tomber". Intimidé et craintif, l'enfant abandonne son expérience. Les mots de la mère l'ont d'ailleurs condamné à l'échec!

Imaginons que cet enfant n'apprend finalement jamais, pendant sa petite enfance, de monter et de marcher sur un muret. Le jour, où il en a l'occasion, quand il sera déjà plus âgé avec un corps moins souple, c'est là qu'il risque de payer son manque d'entraînement en faisant une véritable chute.

En Allemagne, on admet plus les chutes et les blessures des petits enfants. Ils tombent, ils se blessent, ils saignent et ils s'en sortent. Est-ce que ce n'est pas beaucoup mieux de laisser un enfant se faire mal (en jouant) pour qu'il apprenne très tôt à apprécier les risques et la fragilité ou la robustesse de son corps?

***

En mettant toujours les risques en avant, la société française tend à limiter les initiatives. J'aimerais pour cela évoquer une expérience vécue. Il y a quelques années, j'ai organisé dans le cadre "Essonne propre-Essonne verte" une sortie avec des élèves pour ramasser des déchets. J'avais repéré un site très sale en bordure d'une route. Le site était sur une butte séparée de la route par une sorte de bande d'arrêt d'urgence (1 mètre), un fossé (50 cm) une bande da gazon (un bon mètre) et la piste cyclable. Quand je prépare ce type d'action je voudrais que ça serve réellement. Pour les enfants aussi, c'est très valorisant de ramasser de gros déchets au lieu de trois mouchoirs en papier seulement dans un parc urbain.

Il fallait s'y rendre à vélo. Déjà cela relevait du parcours du combattant. Cela a fait très peur à la direction qui était à deux doigts d'interdire la sortie. J'ai respecté toutes les règles de sécurité et nous avons pu partir avec un encadrement assez extraordinaire.

Mais avant cela, il y avait à 30 minutes du départ un coup de fil de la gendarmerie municipale du secteur ... les gamins attendaient déjà dans la cour. "Oui, bonjour Madame, la mairie [que j'avais prévenue de l'action] vient de nous informer de votre action de nettoyage. On était pas au courant du tout, on pas de véhicule àbnotre disposition. Et vous avez vu: il s'est mis à pleuvoir et on a déjà eu trois sorties de routes."

Visiblement, cela aurait arrangé un certain nombre de personnes que j'annulle cette action. Au lieu de m'encourager, mon employeur et l'Etat en sa présentation locale ont fait tout pour me faire abandonner. Ma collègue était complètement découragée, mais moi, je ne me suis pas laissée faire. Objectivement, il n'y avait aucun risque particulier pour les élèves. Mais j'étais, bien évidemment très inquiète et je savais que s'il y avait le moindre malheuer, tout le monde se dégagerait de la responsabilité en disant qu'ils m'avaient bien prévenus des risques.

Nous avons fait l'action, elle s'est bien déroulée, les enfants étaient heureux de pouvoir sortir à vélo et de pouvoir faire une vraie action concrète.

Mais le vrai risque, le vrai danger, il n'y a que moi qui l'ai vu venir. La benne avait été placée sur la bande d'arrêt d'urgence, sans aucune signalisation, aucun marquage réfléchissant. Je m'en étais rendue compte la veille de notre action. Je me suis dit qu'il y avait un réel risque qu'un automibiliste souhaitant se garer sur le BAU ne voie pas la benne. Plus personne parmi mes interlocuteurs étaient joignable. J'ai donc dû trouver une solution: j'ai emprunté un plot réflichissant d'un chantier qui se trouvait à l'écart des routes où je pensais que son absence ne créerait aucun risque et j'ai placé ce plot devant la benne. J'en suis très fière. Le lendemain, j'ai remis le plot à sa place.

Mais il est tellement usant de se battre contre la peur des autres. Le plus tranquille, c'est de ne rien faire. Garder les élèves du matin au soir sous surveillance absoulue sans admettre le moindre mouvement non-prévue. Pourtant, c'est dans le non-prévue que réside une grande partie du bonheur dans la vie quotidienne.

Quel type de citoyens est-ce qu'on forme ainsi? Des gens qui savent prendre des initiatives, dens gens courageux, confiants? J'en doute.




Publicité
Commentaires
Publicité