Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Schwarzbrot und Baguette
9 septembre 2009

ZAC des Haies Blanches II

Avis de Mieux-à-Mennecy

1.      Réflexions concernant « l’utilité publique »

On peut considérer que le développement économique et la création d’emplois sur le secteur de l’agglomération Seine-Essonne relèvent de l’utilité publique.

Il n’est cependant pas sûr du tout que la disparition de terres agricoles en région parisienne relève de l’utilité publique. En effet, le Grenelle de l’environnement préconise que les circuits courts soient favorisés, que l’on mange donc ce qui est produit sur place au lieu d’aller chercher les produits au loin. Nous devrions nous interroger sur l’approvisionnement en céréales de l’agglomération parisienne à moyen terme tenant compte de l’augmentation du coût du transport.

Par ailleurs, il n’est pas sûr non plus que le développement des plates-formes logistiques, à plus forte raison lorsqu’elles servent exclusivement au transport routier, aillent dans le sens de l’utilité publique. En effet, en développant les transports routiers, on contribue à augmenter les émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, tous les gouvernements européens et la plupart des pays du monde s’étaient engagés à réduire les émissions de gaz à effet de serre.  Favoriser le transport routier risque d’aller à l’encontre de l’intérêt public.

En conclusion : ce projet relève de l’utilité publique au niveau local uniquement, mais il est partiellement en contradiction avec les intérêts globaux.

Mais nous ne nous faisons pas d’illusions : ces réflexions critiques ne mettront pas en question la réalisation de la ZAC des Haies Blanches.

2.      Remarques concernant les aspects écologiques et environnementaux

Ces remarques n’ont pas forcément lieu d’être dans cette enquête publique, mais nous les proposons néanmoins pour que quelques remarques puissent éventuellement entrer dans les réflexions ultérieures.

2.1.    Gestion des eaux pluviales

Nous saluons le fait que la gestion des eaux pluviales soit évoquée et que quelques mesures pour une gestion plus écologique de ces eaux soient évoquées, en particulier la perméabilisation des sols et la création d’espaces naturels pouvant recueillir une partie des eaux.

Nous nous permettons d’attirer à ce titre votre attention sur l’étude suivante :

http://www.environnement.public.lu/conserv_nature/publications/naturnahe_anlage_parkplaetzen/Brochure_naturnahe_anlage_parkplaetzen.pdf

Il s’agit d’une étude pour le gouvernement luxembourgeois, 116 pages consacrées à l’aménagement écologique de parkings.

2.1.1. Des remarques techniques concernant les bassins de rétention

·         Il faudrait éviter les pentes trop fortes (risque de noyade de mammifères)

Montrvain_I_5

ZAC Montvrain I, Mennecy, Photo B Töllner

·         Il faudrait éviter de mettre systématiquement des poissons dans ces bassins car ils risquent d’empêcher le développement d’une plus grande biodiversité (libellules etc.)

·         Il serait bien de bien définir (peut-être que c’est déjà fait) si chaque entreprise gère son propre bassin (ce qui risque de ne pas bien fonctionner – voir la ZAC Montvrain à Mennecy) ou si les entreprises se mutualisent pour qu’un seul ou plusieurs grands bassins soient gérés par un seul service responsable (et responsabilisé)

2.1.2. Des questions concernant les bassins

D’après le rapport, les eaux pluviales seraient évacuées in fine par les « exécutoires existants », donc, envoyées en Essonne. Est-ce que, mise-à-part la décantation dans les bassins, un autre nettoyage des eaux pluviales est envisagé ? Qu’est-ce qui est prévu pour les sédiments des bassins (au bout d’un certain nombre d’années) ?

2.1.3. Autres suggestions

·         Surveiller les caractéristiques des bouches d’égout : en effet des modèles à grandes ouvertures représentent un piège souvent mortel pour oiseaux et petits mammifères.

·         Il est possible de végétaliser les toits pour absorber une partie des eaux de pluie. Est-ce que cette démarche est envisagée pour un ou plusieurs des bâtiments ?

Un toit couvert de végétation présente un certain nombre d’avantages :

·         Plus grande longévité des matériaux utilisés pour étanchéifier le toit grâce à la protection contre les rayons UV et les intempéries (grêle etc.)

·         Absorption des eaux de pluie (entre 30 à 99% de la pluviométrie annuelle)

·         Moins de pics dans la quantité des eaux de pluie à évacuer par la canalisation

·         Protection thermique

·         Filtration de l’air (bénéfice pour la commune), fixation de poussières et de polluants

·         Amélioration des conditions de vie et de travail des employés (surtout si le toit est rendu accessible)

·         Esthétique

·         Peut réduire les dégâts crées lors de tempêtes

·         Absorption du bruit

·         Ecrantage partielle des ondes électromagnétiques

·         Espace de vie pour la flore et la faune (insectes, oiseaux)

·         De même, on peut s’imaginer des surfaces végétalisés :

·         Est-ce qu’il est envisagé de récupérer une partie des eaux de pluie pour un arrosage éventuel des espaces verts ?

Nous pensons que cette question ne devrait être posée de manière centralisée et non pas être laissée au bon vouloir de chacune des entreprises, de même qu’il serait moins cher d’avoir une installation pour tout le monde.

2.2 La gestion des déchets

Le rapport n’est pas très clair à ce sujet. Est-ce que l’on compte laisser la responsabilité du tri aux entreprises (« la gestion des déchets sera de la responsabilité des exploitants et devra être conforme aux prescriptions du règlement du PLU ») ou est-ce que l’on proposera une solution collective ? (comme cela est évoqué ailleurs dans le document).

Nous pensons qu’il faut être très clair à ce sujet et favoriser une gestion collective des déchets (de tous les déchets). En effet, lorsque l’on laisse la gestion des déchets aux entreprises, il peut y avoir négligence pour des raisons de coûts.

Les entreprises doivent souvent entreposer certains déchets avant de pouvoir faire appel à une entreprise qui les recueille.  Le stockage des déchets prend de la place, peut entraîner une pollution des sols et entraîne le plus souvent une pollution visuelle. 

Montrvain_I_21

ZAC Montvrain I, Mennecy, Photo B Töllner

La mutualisation et la gestion collective des déchets d’entreprise réduiront le risque de voir les entreprises quitter les lieux (après une éventuelle fermeture) en laissant un tas de déchet derrière elles.

2.3 Surfaces vitrés

Pour se donner une belle image de marque et pour avoir une grande luminosité à l’intérieur des bâtiments, beaucoup d’entreprises pourvoient leurs bâtiments de surfaces vitrés (voir ALTIS). Il serait souhaitable, de sensibiliser les entrepreneurs au fait que les surfaces vitrées représentent un risque pour les oiseaux. Si aucune mesure préventive n’est prise,  la population d’oiseaux peut baisser de manière significative en raison des collisions avec les vitres.

picVoegelElsaessertor

Immeuble à Bâle. Oiseaux morts ramassés par une association locale.

La meilleure mesure est d’apposer des lignes géométriques sur les vitres.

On peut aussi coller des silhouettes de rapaces comme ci-dessous à la bibliothèque nationale de Paris.

2.4 Clôtures

Pour des raisons de sécurité, la plupart des sites seront entourés de clôtures. Il serait souhaitable de prévoir la circulation libre des mammifères (hérisson, lapin, lièvre ( ?), renard et autre. En effet, les clôtures représentent un obstacle, les prive de zones de nourrissage et les contraint souvent à emprunter les voies des voitures.

Par ailleurs, en particulier le hérisson se retrouve malheureusement parfois coincé en essayant de passer entre les mailles et meurt d’épuisement. La solution est de laisser un espace libre d’une vingtaine de centimètres par rapport ou de prévoir de trous de passage.

2.5 Gestion écologique des espaces verts

D’après le rapport, un certain nombre de points sont déjà prévus. Peut-être que d’autres ont été oubliés :

·         Fauche tardive (août/septembre) sur certaines surfaces pour favoriser le maintien voir le développement de la biodiversité.

·         Ne pas tailler les haies en période de nidification

·         Renoncer aux aspirateurs de feuilles en raison du bruit (stress pour les employés de la ZAC) et de la destruction de la microfaune et du risque d’aspiration de hérisson et autres.

·         Ne pas utiliser des pesticides dans la ZAC

·         Prévoir dès le départ une zone de compostage des déchets verts sur place

Pour la gestion des espaces verts, une mutualisation pourrait être intéressante.

En ce qui concerne la réalisation des travaux, Ecosphère recommande de travailler en dehors de la période de nidification et indique les mois d’août à avril. Plus précisément, beaucoup d’oiseaux commencent à faire leurs nids dès de le mois de mars.

Lors des travaux, il serait souhaitable de préserver dans la mesure possible de petits bosquets ou haies existantes (lieu de refuge et d’hibernation pour certains animaux – le hérisson est particulièrement vulnérable en hiver !).

2.6 Eclairage

D’après le rapport, les habitations aux alentours de la ZAC, en particulier à Ormoy, seraient protégés de la pollution sonore et lumineuse grâce à la réalisation de talus.

Page 7 nous lisons par ailleurs : « L’augmentation de l’activité lumineuse sur le site n’impliquera pas de gêne particulière ni de problème de santé ». Cette phrase ne peut être que considérée comme  partiellement correcte. En effet, la pollution lumineuse est un problème qui se pose à une échelle globale.  La planète entière est de plus en plus en plus illuminée.

Cela a pour conséquence une forte consommation d’électricité. Peut-être que les entreprises peuvent payer l’électricité. Mais nous devons dorénavant toujours tenir compte de l’impact global : le gaspillage de l’énergie aujourd’hui a un impact sur la disponibilité des ressources de demain – cela vaut aussi pour l’uranium qui constitue à présent un combustible non-renouvelable et qui sera de plus en plus demandé au niveau mondial.

La pollution lumineuse a un impact significatif sur la faune.

La nuit, les insectes nocturnes sont attirés par la lumière artificielle, perdent l'orientation et s'épuisent en tournant autour des lampes et meurent d'épuisement.

Les conséquences sont une diminution du nombre total des insectes et la disparition d'une source alimentaire pour d'autres animaux (chauve-souris). Les lumières artificielles risquent d'attirer des insectes déjà menacés de disparition et de provoquer ainsi l'extinction complète.

Les oiseaux migrateurs qui volent souvent la nuit se trouvent aussi désorientés par trop de lumières artificielles. Il y a aussi des oiseaux qui heurtent les grands immeubles éclairés ou des plates-formes pétrolières. Dans certaines villes américaines on diminue la luminosité lors de la migration des oiseaux.

Nous pensons donc, que l’éclairage du site nécessite une réflexion plus approfondie.

2.7 Protection du persil des moissons

L’étude d’Ecosphère (que nous n’avons pas pu lire avant de répondre à cette enquête publique) a constaté la présence d’une plante très rare, à savoir le persil des moissons (petroselinum segetum). Il serait souhaitable de la préserver sur le terrain. Si son emplacement se situe sur un futur espace vert, on pourrait dès le départ prévoir un traitement spécifique de cet espace vert. 

Cette plante a besoin d’un labourage annuel des terres suivi d’une culture de céréales. Ne serait-il pas envisageable de mobiliser une association ou un collège ou un lycée professionnel pour la sauvegarde de cette plante ? Ou bien, ne pourrait-on pas prévoir dans une gestion mutualisée des espaces verts un traitement spécifique pour quelques mètres carrés ?

Il n’est pas sûr que cela marche. Mais on pourrait l’essayer. Il faudrait juste bien identifier l’endroit précis où pousse la plante,  et prévoir une culture de céréales immédiatement après les travaux.

Birgit Töllner

Conseillère municipale pour Mieux-à-Mennecy, juin 2008

Publicité
Commentaires
Publicité