Tour à vélo en Mazurie, Pologne

Pour la première fois depuis 25 ans, j'ai fait un voyage de groupe. Je suis partie avec un organisme allemand qui s'appelle "Die Landpartie" que je peux vivement recommander aux amateurs cyclistes germanophones. http://www.dielandpartie.de/

Notre petit groupe de 14 personnes a été pris en charge par l'accompagnatrice du voyage à Berlin. De là, nous avons pris le train pour Varsovie. Après une nuit et une visite de la ville, un bus nous a emmené en Mazurie, où nous avons récuppéré des vélos et des saccoches. Le voyage devait comporter huit déplacements à vélo et plusieurs visites. La grande particularité de la Landpartie sont les petits "extras" que l'ont trouve rarement dans un programme de voyage, à savoir la dégustation de gateaux faits maison chez une fermière à Sulejken, et d'un repas traditionnel chez un garde forestier au beau milieu d'une réserve naturelle, ou encore une visite guidée nocturne animée par un jeune pasteur à Ketrzyn. Sinon, il y avait des visites plus classiques, par exemple la viste de la Wolfsschanze, quartier de guerre de Hitler.

Faire du vélo en Pologne est possible est une superbe manière de découvrir le pays. Mais, il faut bien connaître le terrain. Il n'y a quasiment pas de pistes cyclables. On roule donc sur de petites routes et des chemins sablonneux. Tous les chemins sont fréquentés par les voitures. Le vélo n'a quasiment jamais l'exclusivité. De courts trajets sur route nationale semblent être inévitables et sont tout simplement dangereux. Faire du vélo seul(e) ou à deux est certainement possible. Je pense qu'il faut alors avoir un GPS qui tient compte des chemins sablonneux.

Visite de la Wolfsschanze

Ce site est forcément un site sensible. Il s'agit du quartier général de Hitler pendant la deuxième guerre mondiale. Info surprenante: ce site appartient seulement à hauteur de 50% à l'Etat polonais. L'autre moitié appartient à un Autrichien. Ce premier élément peut déjà susciter des questions. Ce site, ne devait-il pas apppartenir entièrement à l'Etat polonais?

Le site est impressionnant de part ses dimensions. Les bunkers sont immenses. Les toîts étaient couverts de végétation, les chemins goudronnés étaient couverts de filets pour éviter le repérage. Mais on sait maintenant que l'existence de ce site était bien connue des alliés. La destruction des bâtiments et bunkers a été engagée par la Wehrmacht avant l'arrivée des troupes soviétiques.

Un mur de bunker encore debout

Un plafond écroulé:

Pendant notre visite guidée, nous avons d'un coup aperçu trois jeunes hommes portant l'équipement complet de la Wehrmacht.

Nous étions surpris, plusiuers d'entre nous étaient choqués. Notre guide polonaise était outrée. Les jeunes ont monté un stand et ont expliqué qu'ils étaient là pour montrer comment les soldats s'habillaient à l'époque. Ils étaient étudiants spécialisés en stratégie militaire et sciences po (je crois).

D'après nos informations, ces jeunes Polonais disposaient d'une autorisation pour se montrer ainsi vêtus sur le site. Le grand risque d'une telle mise en scène est de montrer les soldats de la Wehrmacht sous un jour anodin, sympatique et attrayant. Les jeunes étaient plutôt "beaux gosses", leurs uniformes impeccables et bien-entendu, ils étaient "sympatiques". L'image ainsi transmise de la Wehrmacht était donc plutôt positive. Il se pose aussi la question du lieu. Est-il acceptable que ces jeunes se montrent ainsi sur un site aussi sensible, de faire revivre ainsi un lieu dont des crimes contre l'humanité ont été orchestrés? Est-ce compatible avec la mémoire pour les résistants qui, sur ce même lieu, ont commis un attentat contre Hitler (Stauffenberg)?

Et si, à la limite, on autorise une telle manifestation, il faudrait un encadrement très officiel avec des explications pédagogiques bien réfléchies. Car là, ces jeunes donnaient leurs propres explications. Notons aussi que parmi les visteurs, nous avons vu plusieurs personnes portants des vêtements du type militaire (un pantalon, une veste).

Un lieu comme la Wolfsschanze court forcément le risque d'être réccupérés par de jeunes néonazis, qu'ils soient allemands ou polonais ...

L'entente germano-polonaise

Mon impression personnelle est que cette entente ne semble pas relever de l'évidence. Notre groupe a malheureusement eu droit à plusieurs reprises à des paroles et gestes faisant allusion au nazisme de la part de jeunes Polonais. Bien entendu, la plupart des relations étaient neutres ou cordiales, normales. Ces incidents étaient des exceptions.... mais trois exceptions en huit jours me paraissent du moins remarquables. 

Mais je n'oublie évidemment pas l'engagement personnel d'autres personnes, en particulier de notre jeune accompagnatrice, qui se battent pour l'entente entre Allemands et Polonais. Mais les politiques et surtout, l'école, doivent aussi jouer leur rôle et oeuvrer pour la "Vergangenheitsbewältigung".