Accident entre une moto et une lycéenne

Le vendredi 22 mars, vers 8h15, un accident s'est produit dans la résidence du Rousset, au croisement de la rue Clement Marot et l'avenue du Rousset. Une moto, sortant de la rue Clément Marot a renversé une lycéenne qui circulait à pied sur le trottoir de l'avenue Rousset et s'apprêtait à traverser la rue Clément Marot. La fille est tombée sur des piquets en bois d'un jardin, le rétroviseur de la moto a été arrachée. La fille criait. Le conducteur de la moto s'est arrêté et à crié après automobiliste qui, selon lui, n'avait pas respecté le stop ce qui l'avait déconcentré au point de ne pas voir la fille. L'automobiliste a fait marche arrière.

Ce qui était positif dans l'affaire: la fille s'est relevée et n'avait pas de blessures graves. Les conducteurs des deux véhicules se sont arrêtés pour s'occuper de la fille.

J'ai appelé les gendarmes. Dès le début de la conversation il voulaient me demander d'appeler un autre numéro. Je ne les ai pas laissé terminer leur phrase. Ils m'ont demandé si la fille avait besoin de pompiers. J'ai dit qu'à priori non, mais que ce n'était pas à moi de décider et qu'il fallait qu'ils viennent. Ils m'ont dit dit d'emblée qu'ils n'allaient pas se déplacer!

Ils ont pris des renseignements auprès de la fille et du conducteur via mon téléphone portable (à mes frais) et ne sont pas venus.

J'ai vu la fille le lendemain, elle boîtait.

Conclusion: une jeune fille mineure peut se faire renverser, subir un traumatisme physique et psychologique et les représentants de l'Etat ne daignent pas se déplacer. Je ne savais pas que c'était possible et je n'en reviens toujours pas. A ma connaissance, aucun constat n'a été fait.

Quand moi j'ai été renversé à Göttingen à l'âge de 23 ans, il y a eu eune enquête. Un témoin avait appelé la police et les pompiers. Sans que je ne fasse quoi que ce soit, il y a eu un procès. Dès qu'une personne est blessée, même légèrement, l'Etat prend la relève. Je n'ai pas porté plainte, je n'ai rien demandé, le processus a été enclenché automatiquement.  La femme qui m'a renversé a été condamnée à une amende et au remboursement de mon vélo détruit et j'ai eu une indemnité pour les douleurs que j'avait subies. J'ai grandi en ayant l'impression de pouvoit compter sur l'Etat, la justice. Cette histoire a planté en moi une grande confiance en l'Etat allemand.  

Cette jeune lycéenne a subi une fracture: l'Etat, les représentants de la République, ne se sont pas déplacées pour elle. Elle a subi un dommage et n'a eu aucun remboursement, aucune indemnité pour les douleurs qu'elle a subies. On peut donc renverser en toute impunité une jeune fille. En toute impunité. Est-ce que vous vous rendez compte du scandale? Je reconnais que le conducteur de la moto se soit excusé. C'est bien. Mais il a commis une faute (que l'autre ait brûlé le stop ou pas). Personne ne lui a enlevé des points sur son permis, l'assurance n'est pas au courant et la fille est restée sans aucune défense. L'Etat était absent et n'a pas défendu une citoyenne innocente. Cette fille n'aura jamais confiance en l'Etat. Pourtant, c'est si important que les gens puissent s'identifier à l'Etat, lui faire confiance. Sans cette confiance on ne peut rien bâtir.

Quand je pense à mon propre parcours.... j'ai également perdu confiance en l'Etat français. Je pense que c'est un phénomène très grave.