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Schwarzbrot und Baguette
5 mai 2010

Le potentiel de la puberté - année gâchées dans nos sociétés

SPIEGEL-TITEL - Hilfe ! Pubertät ! (numéro 15/2010)

La Gesamtschule Winterhude commence l’année scolaire avec un séjour de « challenge » de trois semaines. L’idée de permettre aux élèves de « montrer ce qu’ils ont dans le ventre ». Ainsi, Un petit groupe de volontaires à traversé les Alpes : 200 km, 14 000 mètres de dénivelés en trois semaines.

D’autres font des tours en canoë, construisent un jardin d’hiver au lycée pour y installer un café ou montent un concert.

Ces projets montrent de quoi sont capables les 13 à 15 ans. Tout change pour les enfants qui deviennent adultes ; tout sauf l’école. Le schéma évolutif leur donne envie de vivre des aventures, à expérimenter de quoi ils sont capables.

Les écoles qui s’engagent dans la voie de ces innovations pédagogiques s’appuient en partie sur le livre « Bewährung – von der nützlichen Erfahrung, nützlich zu sein » (Sursis – de l’expérience utile de se sentir utile ») de Hartmut von Hentig. Son idée de « déscolariser » l’école pendant l’âge difficile de la puberté. Pendant deux années, les élèves devraient quitter le cadre strict de l’école pour participer à de vrais projets (tournage d’un film, construction de bâtiments, construire une voiture etc.). De toutes les façons, les statistiques le montrent : l’accroissement des connaissances dans les classes 7 à 9 (4ème-Seconde) est négligeable (voir étude LAU de la Schulbehörde de Hamburg). Les meilleurs élèves avancent à peine, les faibles parviennent à peine à rattraper un peu de leur retard.

Les jeunes ont besoin de vivre des aventures, hors nous faisons tout pour les en empêcher. En effet, l’enfance, dans nos sociétés est prolongée jusqu’à 18 ans ou plus. L’école est le cadre familiale ne laissent pas d’espace pour faire de vraies expériences. On maintient les jeunes dans un statut de dépendance et d’infantilisation.  À défaut de véritables enjeux, les ados commencent à compenser ce manque avec des excès qui n’apportent rien (excès sur ordinateurs, au téléphone portable, fixation sur les vêtements. Pour certains, l’envie d’aventures se porte, à défaut d’autres possibilités sur l’alcool et d’autres drogues.

C’est l’industrialisation qui a enclenché la prolongation de cette phase de l’enfance. Jusqu’au  19ème siècle, le jeune devenait beaucoup plus tôt indépendant, gagnait sa vie et avait son utilité. Dans les cultures anciennes, les enfants passent très vite à l’âge adulte, y sont d’ailleurs joyeusement accueillis par des rites d’initiation. Pendant des millénaires, l’enfant faisait partie intégrale de la société des adultes alors qu’aujourd’hui il est confiné à un espace hors réalité : l’école.

Il faut se poser la question, si nos sociétés industrielles et postindustrielles ne sont pas en train de gâcher les moments les plus palpitants de la vie.

Les recherches en neurologie soutiennent de telles réflexions. Jusqu’au milieu des années 1990, on croyait que le cerveau avait terminé sa croissance au plus tard vers 12 ans. Hors, de récentes recherches montrent que, bien au contraire,  que c’est à ce moment que débute un véritable réajustement du cerveau.

La partie qui nous le contrôle sur nos émotions, qui nous fait hésiter et raisonner s’achève à la fin de ce processus. Voilà qui explique d’un point de vue biologique cette envie de tout essayer, d’aller loin, de sortir du carcan familial et qui rend les heures passées sur une chaise à l’école parfois si insupportables. C’est le cortex préfrontal qui apportera, à l’âge adulte calme et sérénité.

Pendant l’adolescence, les jeunes sont capables de très grandes performances, physiques et intellectuelles. D’un point de vue de l’évolution, ils sont prêts à partir en groupe à la chasse au mammouth. Leur aventure à l’école consiste tout juste à recopier pendant un contrôle sur le voisin.

La phase de la puberté est aussi une phase de richesse et de potentiel qui ne sont pas exploités à l’école. Bien au contraire, la chance que représente cette phase dans la vie est étouffée dans nos sociétés.

Mon commentaire personnel

Cet article met en forme ce que je ressens depuis des années, depuis ma propre adolescence. J’en ai gardé un bon souvenir : j’étais créative, j’avais plein d’idées et j’avais envie de vivre des aventures. Fort heureusement, l’école allemande m’a laissé le temps de vivre pleinement cette phase. J’ai pu participer à des projets concrets, j’ai pu m’épanouir. Je n’ai pas été étouffée. Mais quand je regarde ce qu’on fait en France ... C’est la première fois que je lis noir sur blanc que nous gâchons une partie de la vie des jeunes. C’est encore plus vrai pour la France : ici, avec les 30 heures de cours imposées aux élèves, nous tuons, nous assassinons leurs plus belles années. Il ne faut pas s’étonner que cela ne leur plaise pas, qu’ils nous boudent, qu’ils dorment, qu’ils attendent, résignés que ça passe. Quel gâchis !

Je suis totalement convaincue qu’il faut changer radicalement d’école, qu’il faut laisser vivre les jeunes, qu’il faut alléger le système, le dépoussiérer de fond en comble. Je suis sûre que mes élèves (ceux qui se trainent en cours et qui me semblent être majoritaires !) seraient de formidables bâtisseurs, marcheurs, constructeurs, peintres et que sais-je. Après avoir lu cet article, je sens qu’il y a un nouvel souffle ... j’espère qu’il atteindra la France. 

(Texte écrit très vite, publié sans relecture)

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